Entretien des objets
Conseils pour l’entretien de vos objets
Préserver notre patrimoine, c’est aussi en prendre soin. Pensez à demander l’avis du conservateur des antiquités et objets d’art (CAOA) de votre département avant de manipuler les objets protégés qui sont souvent très fragiles.
Vous trouverez dans cette fiche quelques conseils pour prendre soin de vos objets sans les mettre en danger.
De manière générale, il s’agit essentiellement de :
- s’assurer qu’un ménage régulier et prudent ait lieu dans l’édifice abritant les objets protégés,
- dépoussiérer les objets avec délicatesse, s’ils ne sont pas fragiles ni peints,
- veiller à aérer régulièrement la pièce pour lutter contre l’humidité.
Attention : de manière générale, demandez l’accord d’un conservateur des antiquités et objets d’art (CAOA) avant de nettoyer ou déplacer vos objets.
1 - L’importance d’un ménage régulier
Un ménage peu fréquent peut avoir des conséquences néfastes sur la conservation des objets. Rappelons que :
- les lieux négligés semblent peu fréquentés, ce qui encourage les vols ;
- les objets inutiles s’y accumulent et peuvent favoriser la propagation d’un incendie ;
- une infiltration d’eau y passe longtemps inaperçue ;
- les insectes ou les rongeurs s’y installent tranquillement…
Attention ! Autant l’environnement des objets doit recevoir des soins assidus, autant les objets eux-mêmes sont à considérer avec la plus grande prudence.
Par exemple : le dépoussiérage d’une statue peinte peut entraîner des altérations irréversibles si les couches de peinture anciennes sont fragiles, ce qui n’est pas forcément détectable à l’œil nu.
Lorsque vous effectuez un dépoussiérage dans un édifice —par exemple le jour du ménage de printemps— pensez à protéger de la poussière les meubles, objets ou instruments de musique qui se trouvent à proximité avec des bâches de plastique fines, propres et suffisamment grandes.
Si vous utilisez un aspirateur pour nettoyer une pièce, soyez très prudent et n’approchez pas l’aspirateur des objets eux-mêmes. Restez à bonne distance des objets (plus de 50 cm), car un fragment d’objet pourrait être aspiré par mégarde, si ce n’est pire (déchirure, chute fatale…).
2 - L’entretien des objets doit être prudent et délicat
Pour les objets protégés les plus fragiles (statues, tableaux…) il est indispensable de contacter le conservateur des antiquités et objets d’art (CAOA) de votre département avant d’intervenir et de les manipuler. Un simple dépoussiérage peut causer des dégâts irréversibles.
Évitez, dans la mesure du possible, de déplacer les objets car leur état est sensible aux changements d’humidité et de température (évitez les greniers, caves humides ou les radiateurs par exemple). Déplacer des objets lourds nécessite l’avis d’un professionnel.
Il ne faut jamais utiliser de matériel abrasif (contenant de l’acide), ni de produits détergents (eau de javel par exemple) pour nettoyer les objets !
Un pinceau ou un chiffon doux suffisent au dépoussiérage. Toute autre technique d’entretien pourrait avoir des conséquences irrémédiables.
Attention : il est rare que le dépoussiérage d’un objet constitue une urgence absolue. En revanche, une intervention malencontreuse peut le détruire en quelques secondes.
Si l’objet est endommagé (tâches, traces de moisissures, attaques d’insectes, déchirures, trous, cassures), il faut prévenir les conservateurs pour qu’ils vous accompagnent dans un projet de restauration.
Il ne faut jamais restaurer soi-même un objet (recollage, remise en peinture etc), au risque de l’endommager gravement ! Consultez la fiche sur les étapes préalables à la restauration.
Les tableaux
- Ne pas toucher ou dépoussiérer la surface peinte, mais seulement le cadre (s’il est en bon état) avec un chiffon sec et non abrasif, ou un pinceau léger.
- L’accrochage d’un tableau se fait de préférence de manière à laisser un intervalle entre le mur et le tableau, afin de permettre à l’air de circuler.
- Évitez au maximum de déplacer un tableau protégé au titre des monuments historiques sans la présence d’un conservateur. Le moindre faux mouvement peut être fatal.
Les sculptures
- Dans tous les cas : n’utilisez pas d’eau ni de détergent.
- Vous pouvez dépoussiérer les œuvres non peintes avec un pinceau à poils souples, sans appuyer.
- Il ne faut pas dépoussiérer par vous-même une œuvre peinte ou dorée, demandez au préalable l’avis du CAOA de votre département.
Les textiles
- Ne jamais laver soi-même les textiles anciens, ni les donner à nettoyer ou encore les battre ou les secouer. Seul un restaurateur spécialisé peut s’en charger sans risques.
- Un textile peut éventuellement être dépoussiéré doucement avec un pinceau souple, s’il est en bon état.
- L’idéal est de les ranger à l’abri de la lumière, à plat, en évitant les plis.\ À défaut, vous pouvez suspendre les vêtements sur des cintres rembourrés.
- Faites preuve de la plus grande délicatesse si vous êtes obligés de les déplacer. Des textiles anciens pourraient très vite s’abîmer en étant manipulés.
L’orfèvrerie
- Il est recommandé de porter des gants pour les manipuler et de simplement passer un chiffon doux après chaque utilisation.
- Les produits de commerce sont à proscrire, ainsi que le nettoyage à l’eau. Ces produits sont agressifs pour les revêtements métalliques.
- Rangez les objets dans leur étui d’origine ou dans un linge de coton (évitez le plastique ou le carton car il y a des risques de dégagement de vapeurs acides ou de condensation).
- Ne laissez pas l’orfèvrerie en contact avec le bois, le cuir ou la laine qui peuvent la ternir.
- Laissez suffisamment de place entre les objets pour ne pas les entrechoquer en les manipulant.
- Séparez les objets utilisés des objets non utilisés.
Les meubles
- Ne pas les coller contre les murs pour empêcher que l’humidité ne se propage.
- Évitez de les cirer.
Les vitraux
- Ne pas nettoyer les vitraux avec du produit à vitres.
Les peinture murales
- Ne pas brosser les peintures murales ni les dépoussiérer à la tête de loup : le simple contact peut gravement les altérer.
Les orgues
- Un orgue protégé au titre des monuments historiques doit être suivi par des “facteurs d’orgues” agréés par la DRAC de votre région. La maintenance de l’instrument doit faire l’objet d’un contrat entre le propriétaire et une entreprise spécialisée.
- Une à huit visites du facteur d’orgues par an sont nécessaires selon la fréquence de l’utilisation et la qualité des conditions de conservation (stabilité du climat intérieur, niveau d’empoussièrement…).
- Les travaux sur des orgues protégés (comme sur les autres objets) doivent être décidés en relation avec la DRAC et peuvent faire l’objet de subventions.
3 - Quelques conseil supplémentaires
- Certains objets sont très sensibles à la lumière (tableaux, livres, bannières de procession…). Évitez de les laisser exposés trop longtemps à la lumière. Ou de les éclairer de manière continue pour les mettre en valeur. Préférez un système de minuterie, par exemple.
- Les cierges et les bougies constituent des risques d’incendie. Ils sont à utiliser avec prudence en présence d’objets protégés.
- Les objets anciens sont sensibles aux changements de température et d’humidité. Il ne faut pas chauffer excessivement l’édifice les abritant afin de limiter les écarts de température importants et les variations d’humidité. Préférez une température de 18° à une température de 22°, surtout en hiver, car les variations de température seraient trop importantes.
- Éloignez les objets des sources de pénétration d’eau.
D’une façon générale, si un objet d’intérêt patrimonial vous préoccupe en raison de :
- un aspect esthétique insatisfaisant ;
- un emplacement peu judicieux ;
- un mode d’accrochage ou un support incertain ;
- un manque de protection contre le vol ;
- son inutilité dans l’église ;
- son mauvais état, quelle qu’en soit la cause ;
- ou toute autre raison qui vous paraît motiver une prise de décision…
…mettez-vous en relation avec le CAOA de votre département ou avec le conservateur des monuments historiques avant d’intervenir. Il s’agit d’une obligation légale.
Source : Geneviève Rager, La conservation des objets mobiliers dans les églises, Outil d’auto-évaluation, Ministère de la culture et de la communication, Direction de l’architecture et du patrimoine, 2004